Carnet de route

Bienvenue à Buis-les-Baronnies !

Le 29/05/2025 par Fontaine Laura

“BIENVENUE À BUIS-LES-BARONNIES”

 

Nos enquêteurs se sont rendus à Buis-les-Baronnies du 29 Mai au 1er Juin 2025, où un phénomène étrange à pu être observé. Dans cette enquête au cœur de la communauté, nous vous expliquerons comment un groupe d’une espèce endémique du Forez a été retrouvé errant dans la Drôme-Provençale. 

Pratique de la bicyclette, varappe, et pic-nique improvisé, découvrez l’univers fascinant et le quotidien décadent des Cafistes montbrisonnais. 

Afin d’observer au plus près leurs comportements, deux de nos reporters ont pu infiltrer leur organisation. Notre indicateur secret nous donne rendez-vous à 8h sur le parking de la gare de Montbrison, pour un départ à 8h30. Il semblerait que l’individu soit capable de repère spatio-temporel. 

Les grimpeurs et grimpeuses nous révèlent leur sensibilité à la vie en communauté, le partage de véhicules qu’ils appellent “covoiturage” semblent être au cœur de leur organisation. A 8h32 précisément, la migration débute, l’un des autochtones nous indiquent que la ponctualité est une pratique rare au sein de la communauté. Voilà nos deux reporters engagés dans un périple de 3h vers une destination choisie pour son écosystème favorable au développement de l’espèce. 

Dès leur arrivée le jeudi dans les vastes plaines brûlantes du sud, alors que le soleil cogne tel un dragon furieux sur les rochers, le petit groupe d’humains déjà aguerri, visiblement en manque de verticalité, répond à l’appel irrésistible du Rocher de Saint Julien. Guidés par l’instinct ancestral du grimpeur curieux, ils s’élancent vaillamment à l’assaut de la pierre... munis de baudriers, cordes, et d’une motivation presque surnaturelle.

Mais l’escalade, comme la savane, exige stratégie et endurance. Alors, après cette première expédition et afin d’honorer leur grand manitou, plus communément appelé “Jean”, la troupe se replie dans un rituel bien rôdé : la fameuse réunion du soir. Assis en cercle — posture typique du ‘Homo organisatus’ — chaque individu découvre son programme pour le lendemain. Certains, les plus courageux ou inconscients, se voient attribuer des grandes voies à explorer. D'autres, plus sages, optent pour des activités à portée pédagogique.

Le vendredi dans les gorges tranquilles d’Ubrieux, à l’ombre des falaises où lézards et grimpeurs cohabitent sans trop se déranger, une scène rare se prépare. Nos reporters ont rejoint une meute d’une douzaine d’apprentis. Un groupe d’humains, reconnaissables à leurs baudriers serrés et à leur gourde cabossée, se lance dans une quête : devenir autonomes en milieu vertical.

Trois guides, mâles alpha aux compétences techniques redoutables  au regard perçant — Jean, Francyck et Joanny — prennent alors la tête de cette expédition pédagogique. Avec la précision d’un faucon et la patience d’un bouquetin philosophe, ils mènent les stagiaires à travers une série d’ateliers conçus pour forger les bases d’un grimpeur libre et heureux (et surtout vivant). La tribu s'initie aux secrets des manips de rappel, de pose de relais en tête : nœuds mystiques, assurage sacré, et art ancestral du mousquetonnage propre.

Un premier atelier d’observation : le rappel. Ce moment délicat où l’humain suspend sa vie à deux brins de corde et à sa capacité de concentration. Sous l’œil sûr et bienveillant des formateurs, les élèves s’entraînent à descendre avec grâce (ou avec un peu de panique intérieure, mais ça ne se voit pas trop).

Au même moment, dans un coin stratégique du site, un second atelier prend place : le relais. Là, les grimpeurs en herbe apprennent à se transformer en statues solides, reliés au rocher. Un vrai art de la position, du mousqueton savamment orienté, et du “je te regarde comme si j’avais tout compris.”

Mais ce n’est pas tout. Une fois la théorie acquise, certains choupissons s'élancent en tête. Car oui, grimper en tête, c’est comme déclarer à la paroi : “Je suis prêt à prendre un plomb pour toi.” Chaque clip de dégaine est un acte de bravoure, chaque mousquetonnage un instant de tension théâtrale. Entre les manipulations de corde, les corrections techniques, les nœuds un peu trop créatifs et les pauses bien méritées à l’ombre, l’apprentissage se fait dans la joie, la sueur, et parfois les fous rires nerveux d’un nœud mal fait.

Ubrieux, sous le soleil brûlant et les encouragements des formateurs, devient le berceau d’une nouvelle génération de grimpeurs autonomes. Certains repartiront avec des mains râpées, d’autres avec un bronzage inégal… mais tous avec une fierté non dissimulée : celle d’avoir affronté le rocher — en tête ou en moulinette et sans panique apparente."

Pendant ce temps, ailleurs dans la savane provençale, une autre espèce, le ‘Cyclistus inconscientus’, s’attaque à une bête mythique : le Mont Ventoux. La montée est rude, l’air se raréfie, les mollets hurlent… mais la gloire est au sommet (et les selfies aussi).

Le troisième jour, dès le samedi matin à l’heure où le soleil commence à rôtir la canopée provençale façon gratin dauphinois, deux groupes de grimpeurs migrent doucement vers les falaises de Buis-les-Baronnies. Leur objectif : une ligne de vie métallique dite via-ferrata (ils savent visiblement parler italien), répondant au doux surnom de… “La Coriace”.

Un nom évocateur. Une promesse. Une menace. Ces bipèdes, armés de longes, de mousquetons et d’un optimisme inébranlable, s’apprêtent à affronter ponts branlants, câbles tendus, et marches métalliques dignes d’un parcours ninja version moyenâgeuse. “Regardez-les avancer, serrés contre la paroi, en file indienne… Une méthode de défense instinctive qu’on retrouve aussi chez les pingouins sur la banquise." Les plus sûrs d’eux tentent des poses de yoga sur les échelons suspendus. Les autres s’agrippent comme des koalas après deux pastis. Et puis, au milieu du parcours… le passage culte : le pont népalais. 50 mètres de vide sous les pieds, 2 câbles pour y croire, et un juron discret toutes les deux secondes. “Est-ce qu’on a le droit de dire qu’on aime pas les ponts ?” “Non, c’est trop tard. Tu es dessus.”

Mais, comme souvent dans ce genre d’épopée, tous finissent par en ressortir grandis — ou au moins transpirants. Certains crient victoire, d’autres jurent de ne plus jamais “faire confiance à un câble qui vibre”.

Dans un autre coin de la région, une scène d’une rare étrangeté s’écrit : la randonnée aquatique – ou comment redevenir amphibien. Pendant que les uns tutoient les sommets, d’autres choisissent la voie de l’eau. Moins exposée, mais pas moins sauvage. Direction une gorge encaissée, où serpente un ruisseau providentiel : le royaume de l’eau, ou comme disent les autochtones : “On va se tremper, et ça va être bien.”

Ici, plus de baudrier, plus de verticalité. Juste des shorts, des vieilles baskets. On marche, on nage, on glisse sur les rochers moussus avec la grâce d’une anguille enrhumée. Certains se laissent flotter, portés par le courant comme des loutres en RTT. D’autres escaladent des blocs humides à la recherche du meilleur spot pour rafraîchir sa carcasse. 

On papote, on rit et on ressort tous ravivés, rafraîchis, et légèrement parfumés à la vase des Baronnies. Un classique. 

Ainsi se conclut cette double aventure : l’une dans le ciel, l’autre dans l’eau… Deux terrains différents, mais un même esprit : celui du dépassement, de la rigolade, et du “j’ai mal partout mais j’ai adoré”.

Le samedi soir, rituel de la tribu au bord de l’Ouvèze . Alors que le soleil décline derrière les crêtes d’Ubrieux et que les dernières cordées reviennent, les chaussons dans une main et le t-shirt trempé dans l’autre, une métamorphose s’opère. Les grimpeurs, poussiéreux et assoiffés, quittent leur forme de "homo verticalis" pour redevenir une espèce plus conviviale : le "homo apérativus festifus".

Le club, dans sa grande sagesse et son esprit de meute solidaire, a prévu le Graal du samedi soir : un apéro offert à tous les participants. Et pas n’importe où : sur les berges paisibles de l’Ouvèze, là où l’eau murmure, les galets accueillent les pieds nus, et les moustiques se frottent les ailes en voyant arriver un banquet de mollets exposés.

Des rires éclatent, les anecdotes fusent — et les verres se lèvent à la gloire des relais bien faits et des manips pas oubliées. On se sert, on resserre, et on rigole en parlant de la voie qu'on fera demain… peut-être… si on se lève".

Mais attention : la nuit ne s’arrête pas là pour tout le monde. Certains, fatigués par le soleil et la tension des ateliers, regagnent leur terriers comme des loutres repues. D’autres, galvanisés par leurs prouesses du jour, prolongeront la soirée. Les étoiles apparaissent, les frontales clignotent, et le camp s’endort par vagues, dans un doux mélange de vin rosé, baudriers oubliés et conversations sans fin. Une soirée comme seule la tribu des grimpeurs sait les vivre : joyeuse et libre.

Ainsi s’achève ce week-end, riche en aventures et transpiration … Et déjà, la promesse d’un prochain regroupement encore plus épique flotte dans l’air comme l’odeur de la crème solaire.

 
CLUB ALPIN FRANCAIS MONTBRISON
CLUB ALPIN FRANCAIS DE MONTBRISON
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